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27
octobre
2016

Quand un médecin a l'attitude coach : le Dr Claude Boiron et les soins de support

Le 27 octobre 2016 dans la catégorie Traitements
Quand un médecin a l'attitude coach : le Dr Claude Boiron et les soins de support

Ce mois-ci, Rose Magazine lui consacre une double page, et crée l'envie d'en savoir plus sur ce médecin pas comme les autres. A l'écoute de ses patientes, Claude Boiron ne se voit pas comme un tuteur, dit-elle, mais vise plutôt à les aider à activer leurs propres ressources.

Cet article trouve sa place dans la rubrique "Traitements", car il démontre combien la fameuse "evidence based medecine" (c.à.d. ne prendre en compte que des données scientifiquement validées) laisse de côté une qualité essentielle à la réussite des soins: l'écoute. 

Voici donc une interview réalisée par Marine Lamoureux pour La Croix, ainsi que le portrait publié dans Rose Magazine:

Rencontre avec Claude Boiron, qui reçoit les femmes victimes d’un cancer du sein pour faire face aux maux du quotidien.

La petite salle de consultation ne paie pas de mine, au cœur de l’hôpital René-Huguenin de Saint-Cloud, qui dépend de l’Institut Curie. Du mobilier tout simple, une table de consultation, quelques affiches sur le cancer du sein. Un détail, cependant, retient l’attention : sur le bureau, une boîte de mouchoirs est à disposition.
 
Des grands et petits maux
 
Claude Boiron n’est pas un médecin comme les autres. Cette femme de 50 ans, mince silhouette, jeans et cheveux courts, dirige depuis 2010 une consultation de soins de support ayant peu d’équivalents ailleurs.
 
Ici, c’est le quotidien des femmes qui compte. Les patientes en ont fini avec les traitements lourds ayant permis de soigner leur cancer. Cependant, elles souffrent encore de petits et grands maux dont on fait souvent peu de cas : une grande fatigue, des bouffées de chaleur, un excès de poids, des symptômes dépressifs ou anxieux.
 
Être à l’écoute
 
Dans le bureau de Claude Boiron, ces patientes dites « en rémission » – on ne parle pas de guérison – peuvent se confier sans peur d’être jugées. Et il n’est pas rare qu’elles laissent échapper quelques sanglots.
 
Ce qui frappe, dès les premières minutes, c’est la qualité d’écoute du médecin. « Le simple fait d’être attentif à ce qu’elles ont à dire, c’est déjà 50 % du soin », a constaté Claude Boiron. Aucun rendez-vous ne se ressemble. « Je fais en sorte qu’il y ait une rencontre et d’être au plus près des besoins de chacune. » Les patientes sont étonnées d’être reçues plus d’une heure…
 
Le sentiment d’être comprise
 
Souvent orientées là pour de l’auriculothérapie – une technique proche de l’acupuncture qui diminue les bouffées de chaleur –, ces femmes repartent avec bien davantage : le sentiment d’avoir été comprises.
 
Et pour cause : Claude Boiron a traversé la même épreuve qu’elles. À l’âge de 32 ans, la jeune femme découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. « Je savais ce que j’avais, c’était une forme sévère. Je pensais que j’allais mourir », confie-t-elle. Elle en restera profondément marquée. Rien ne lui est épargné : chimiothérapie, perte de cheveux, ablation totale du sein.
 
En outre, l’apparition d’un lymphœdème – conséquence du traitement, le bras gonfle – devient un véritable poison. « Cela m’a pourri la vie, souffle le médecin. Au-delà de la gêne, je l’ai vécu comme une profonde atteinte à ma féminité ». De sa blouse blanche émerge une mitaine, laissant deviner le manchon qu’elle porte autour du bras gauche.
 
Trouver les ressources pour s’épanouir à nouveau
 
Aux patientes qui la consultent, Claude Boiron est toujours d’excellent conseil : choisir le bon manchon justement, ni trop lâche, ni trop serré, trouver le kiné ou la diététicienne formés à l’après-cancer, décrypter certains symptômes liés à la perte d’hormones, etc.
 
« J’ai trouvé ma place, sourit Claude Boiron. Les soins de support, plutôt qu’une spécialité d’oncologue dont elle s’est finalement détournée : « Avec mon parcours, je n’y arrivais plus. » Pourtant, elle précise : « Je ne veux pas être un tuteur pour ces femmes. Mon but, c’est qu’elles trouvent les ressources pour s’épanouir à nouveau. »
 
Sans enfant, longtemps soucieuse de ce qui resterait d’elle si le cancer l’emportait, le médecin semble aujourd’hui apaisée. « J’ai le sentiment de laisser une trace, un petit bout de moi dans leur parcours à elles. »
 
Marine Lamoureux