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10
mars
2023

Cancer : que valent les thérapies complémentaires ?

Le 10 mars 2023 dans la catégorie Traitements
Cancer : que valent les thérapies complémentaires ?

Méditation, nutrition, yoga, acupuncture, reiki, hypnose... La médecine occidentale soigne les organes, quand les approches complémentaires agissent souvent sur l'âme. "Quand quelqu'un désire la santé, il faut d'abord lui demander s'il est prêt à supprimer les causes de sa maladie. Alors seulement est-il possible de l'aider" - Hippocrate

Dans ma pratique d'oncocoach, je rappelle souvent qu'il faut déjà distinguer les pratiques utilisées par les patients en oncologie en compléments des traitements classiques pour améliorer leur qualité de vie des "médecines alternatives" qui se targuent de soigner "autrement" en faisant fi des traitements médicaux classiques. Si les seconds sont à fuir selon moi, ignorer complètement les bienfaits des thérapies complémentaires pour certains patients est contreproductif. D'ailleurs, inutile de nier l'évidence, une grande partie des patients y a recours, alors autant s'y intéresser.

En effet, une étude de américaine menée par la Fondation Samueli a été traduite et partagée récemment par le Dr Jean-Luc Monsempé. Les données rapportées sont les suivantes :
 

  • "Les patients veulent plus d'informations sur leurs options afin de pouvoir prendre des décisions éclairées sur leur traitement global, à la fois traditionnel et complémentaire", a déclaré Wayne Jonas, directeur exécutif des programmes de santé intégrative à la Fondation Samueli. "C'est aux prestataires d'engager des conversations avec leurs patients pour mieux comprendre la "personne entière" qui vient se faire soigner et favoriser des plans de traitement adaptés aux individus."

  • L'enquête qui a été menée auprès de plus de 1 000 patients chez qui un cancer a été diagnostiqué au cours des deux dernières années, et de 150 oncologues a montré une forte préférence des patients pour des soins du cancer intégrant des approches complémentaires. Quarante pour cent des patients atteints de cancer disent qu'ils auraient choisi un hôpital proposant des thérapies complémentaires s'ils avaient pu remonter le temps. Plus d'un tiers (35 %) déclarent que leur satisfaction aurait augmenté si leur équipe de soins leur avait proposé des services complémentaires, tels que le soutien/la thérapie en santé mentale, la pleine conscience et les services spirituels, en plus des traitements traditionnels comme la radiothérapie et la chimiothérapie.

  • Plus des trois quarts des oncologues (76 %) ont déclaré vouloir en savoir plus sur les avantages des thérapies complémentaires combinées aux traitements traditionnels. Mais beaucoup d'entre eux ont cité des obstacles à la poursuite des approches intégratives, notamment le manque de remboursement par les assurances (49 %), le manque de personnel (39 %), les perceptions erronées que les patients ne sont pas intéressés d'entendre (32 %) et le manque de temps pour intégrer ces options dans les échanges avec les patients (31 %).

  • "Il est clair que les cliniciens, les assureurs et les hôpitaux doivent à la fois s'informer et offrir un meilleur accès aux informations et aux options de traitement", a déclaré M. Jonas. "Les patients et les oncologues veulent voir les avantages qu'il y a à traiter la personne dans son ensemble au lieu de se limiter à la maladie, mais de nombreux systèmes sont établis de manière à empêcher ce type de soins."

  • 50% des patients et 60 % des oncologues sont tout à fait d'accord pour dire que l'oncologie intégrative peut aider à gérer les effets secondaires et à améliorer le bien-être général, pendant et après le traitement. En outre, 40 % des patients et des oncologues pensent que l'ajout de thérapies complémentaires améliore les résultats du traitement et la survie globale par rapport à l'utilisation de traitements médicaux seuls. Les patients urbains (55 %) et âgés de 18 à 50 ans (72 %) le déclarent beaucoup plus souvent que les patients ruraux (35 %) et âgés de 75 ans et plus (23 %).

  • Dans l'ensemble, 66 % des patients atteints de cancer déclarent utiliser au moins une thérapie complémentaire, mais la majorité d'entre eux n'ont jamais communiqué cette information à leur oncologue. Les thérapies complémentaires les plus utilisées sont la consultation en nutrition (35 %), le soutien/la thérapie en santé mentale (27 %), la consultation en exercice (26 %), la méditation/la pleine conscience (26 %) et les services spirituels (25 %). Pour les patients, plus d'un quart d'entre eux ont déclaré que les deux principaux obstacles à l'utilisation d'approches complémentaires sont leur manque de connaissance de ces traitements et le fait que leur établissement traitant ne propose pas cette option.

  • "Les hôpitaux et les prestataires doivent offrir davantage d'options de soins parallèlement au traitement traditionnel du cancer afin d'accroître la satisfaction des patients et d'améliorer la qualité et la durée de vie des personnes atteintes de cancer", a déclaré M. Jonas. "En proposant des options de soins intégratifs, les prestataires médicaux peuvent répondre à l'explosion de la demande des patients. C'est à nous, en tant que prestataires de soins de santé, d'apprendre et de défendre davantage d'options de traitement qui vont au-delà des pilules et des procédures."

 
Il faut tenir compte du fait qu’aux Etats-Unis les soins de support en oncologie sont plus acceptés et intégrés dans les hôpitaux qu’en Europe, même si certains centres de bien-être rattachés à des hôpitaux commencent à offrir des accompagnements plus holistiques avec des pratiques evidence based  comme la méditation (voir les études ici), et d’autres qui sans preuve scientifique rencontrent un grand succès et un taux de satisfaction chez les patients comme le coaching, avec le biais que suivre un tel type d’accompagnement est souvent choisi, et donc il y a un intérêt à la base.


Cependant, toutes proportions gardées et en assumant l’entière subjectivité de mes propos, je travaille avec des personnes ayant ou ayant eu un cancer depuis maintenant 7 ans. Je constate que celles qui choisissent ce type d’accompagnement complémentaire y trouvent un bénéfice. Je ne dis donc pas que cela bénéficie à tout le monde, mais que ceux qui y cherchent un réconfort et une amélioration de leur qualité de vie, une certaine recherche de sens aussi, y trouvent leur compte. Et finalement, n’est-ce pas cela qui est important ? Le bien-être des patients ?

 
Pour terminer, je souhaite citer le Dr Jean-Luc Monsempé, qui a traduit cette étude dans un récent article, et que je trouve extrêmement inspirant :


L'expérience du médecin peut être distincte de celle du patient. Le médecin peut affirmer la guérison alors que le sujet se sent encore malade. Ou la médecine peut déclarer une personne handicapée, alors que cette dernière se sent suffisamment en bonne santé pour mener la vie quelle souhaite. La santé, la maladie, et la guérison sont des processus qui comportent des aspects objectifs et mesurable par les professionnels de santé, et aussi des aspects subjectifs vécus par le patient. La médecine et le patient n’évaluent pas un état de santé sur les mêmes critères. Les médecins font appel à des critères biologiques et physiologiques (ce qu’on appelle les analyses médicales). Le patient évalue son niveau de santé sur des critères de bien-être et de fonctionnalité du corps par rapport à des buts de vie.
 
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