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22
novembre
2016

Quand le cancer nous fait perdre la tête. Les troubles de la mémoires, un effet secondaire méconnu

Le 22 novembre 2016 dans la catégorie Traitements
Quand le cancer nous fait perdre la tête. Les troubles de la mémoires, un effet secondaire méconnu

Il y a LA maladie et le grand chambardement qu'elle engendre dans nos vies. Il y a aussi les traitements, chimio, radio, mais pas toujours. Par contre, on remarque que les pertes de mémoires sont un des "effets indésirables" assez répandu. Pourtant, on en parle peu, et les patients n'osent pas toujours l'évoquer. Mais c'est une réalité. Heureusement des études se penchent sur la question, et des pistes de solutions existent. Première étape: en parler.

Lors de la troisième conférence sur les disparités liées au cancer à Miami (ou plus exactement "Conference on the Science of Cancer Health Disparities"), le Dr Pascal Jean-Pierre a souligné que les personnes ayant développé un cancer présentent un risque accru de 40% de souffrir de troubles de la mémoire suffisamment importants pour affecter leurs activités quotidiennes. Le cancer constitue donc un prédicteur indépendant de l'altération de la mémoire", soulignent les chercheurs, en suggérant de mettre en place des "stratégies pour évaluer et contrôler ces troubles  (source ici)

Malheureusement, les patients ne sont pas toujours avertis de cet effet indésirable. Certains se sentent même coupables de "perdre la tête". Savoir qu'il s'agit plus d'une généralité que d'une question personnelle permet de un, de relativiser, et de deux, d'en parler pour se faire aider. 

Dans le cas du cancer du sein, la question du "chemofog" ou brouillard dû à la chimio est relativement plus connu. Mais les pertes de mémoire ne sont pas uniquement l'apanage des résultats de la chimio, comme souligné plus haut. 

Rose Magazine, en parle très bien dans un article rédigé par Céline Dufranc:

Vous cherchez sans cesse vos clés, vos mots ou votre place de parking ? Comme 70 % des patients traités pour un cancer, vous souffrez peut-être du chemofog. Rose Magazine fait le point sur ces troubles de la mémoire. Des pistes sont proposées en fin d'article pour vous aider à exercer votre mémoire. 

Le chemofog, c’est quoi ?

"C’est une sorte d’état de brouillard (fog) cognitif, qui peut faire penser à la maladie d’Alzheimer, explique le Dr Mario di Palma, chef du département ambulatoire à Gustave-Roussy, à Villejuif. Encore appelé "chemobrain" (pour cerveau), ce trouble touche la mémoire, l’attention ou la concentration."  Longtemps sous-estimée et sous-traitée, cette affection a fait l’objet d’un premier symposium l’année dernière à Lille. 

L’origine du chemofog serait multifactorielle. Elle tiendrait au cancer lui-même, à l’impact de l’annonce de la maladie, à l’anxiété et à la fatigue, mais aussi à l’action neurotoxique de la chimiothérapie (qui détruit aussi les cellules saines), au stress oxydatif (qui agresse les cellules) et à des troubles hormonaux ou de l’immunité. À l’imagerie, en effet, on note une diminution de certaines régions du cerveau, comme l’hypothalamus ou le cortex frontal, qui affectent la mémoire immédiate, la concentration et la capacité de faire plusieurs tâches en même temps. Des expériences sur les souris ont montré qu’elles perdaient 20 % de neurones sous chimio.
 
À partir de quand doit-on s’inquiéter de ces troubles de la mémoire ?

"Si les troubles persistent un an après le traitement, parlez-en à votre oncologue ou à votre médecin traitant qui vous orientera vers une consultation mémoire, s’il en existe dans l’établissement, ou vers une consultation mémoire spécialisée en neurologie , conseille le Pr Florence Joly-Lobbedez, oncologue et chef de service de l’unité de recherche clinique du centre François-Baclesse, à Caen. En revanche, les ateliers mémoire proposés aux patients atteints d’une maladie d’Alzheimer ne sont pas adaptés car les exercices ne correspondent pas toujours aux problèmes rencontrés par les malades de cancer." Dans la plupart des cas, les patients repartent rassurés, car il ne s’agit pas d’une maladie dégénérative du cerveau.
 
Comment établit-on le diagnostic de chemobrain ?

Grâce à certains tests neuropsychologiques, qui permettent d’explorer plusieurs domaines de la mémoire (mémoire de travail, mémoire visuelle et verbale, attention soutenue et sélective, fonctions exécutives de la vitesse de traitement). En fonction des résultats, différentes prises en charge seront proposées : orientation vers un neurologue ou un service de gériatrie (pour les patients âgés) en cas de tests cognitifs pathologiques, proposition d’un soutien psychologique ou psychiatrique en cas de troubles émotionnels. Dans tous les cas, les patients sont encouragés à faire travailler leur mémoire par des exercices cognitifs.

 
Les troubles cognitifs sont-ils proportionnels à la dose de chimio ?

L’effet dose, dans les cas de hautes doses de chimiothérapie, est bien réel. "Mais on remarque également une forte corrélation entre l’intensité de la plainte cognitive et l’intensité de la détresse psychologique des patients, le tout affectant leur qualité de vie", remarque Isabelle Léger, neuropsychologue à Gustave-Roussy.

 
Le chemofog est-il réversible ?


"Le plus souvent, ces troubles sont transitoires, mais chez certains patients, ils peuvent persister jusqu’à dix ans après le traitement", reconnaît le Pr Joly-Lobbedez. Quant à savoir si le développement des neurones est seulement stoppé par la chimio ou s’ils sont détruits, rien n’est établi pour l’instant. Seule certitude, les patients âgés seraient plus touchés.

 
Que faire pour limiter les troubles de la mémoire ?


Jouer, cogiter, lire, apprendre ! Mots fléchés, Sudoku, jeu des 7 erreurs… Tout ce qui contribue à exercer la mémoire est bénéfique, à condition d’avoir aussi une bonne hygiène de vie et une activité physique régulière. Méditer, se relaxer sont aussi fortement conseillés. De leur côté, les chercheurs travaillent à l’élaboration de nouvelles molécules qui pourraient diminuer la neurotoxicité de la chimiothérapie.
 
Il existe encore très peu de consultations pour la mémoire. On en compte quatre : la pionnière, créée en 2009 par la neuropsychologue Isabelle Léger à Gustave-Roussy, et celles des centres de Caen, Rouen et Strasbourg. L’objectif de ces consultations  : faire un bilan de la nature neurologique ou non des troubles, et aider les patients à les analyser et à les surmonter, grâce à des exercices et à des astuces.
 
Par exemple :
 
1 – Évitez d’effectuer trop de tâches en même temps, terminez ce que vous êtes en train de faire.
 
2 – Créez des habitudes. Par exemple, associez la prise de médicaments à une activité que vous faites tous les jours, à la même heure (se laver les dents, prendre son petit déjeuner…).
 
3 – Prenez le temps pour retenir une information : quand vous laissez votre voiture dans un parking, prenez dix secondes pour trouver un point de repère qui vous aidera à la retrouver.
 
4 – Organisez l’information à retenir pour augmenter vos chances de la retrouver : pour retenir votre liste de courses, regroupez les articles selon les catégories (fruits, laitages, produits d’entretien…).
 
5 – Multipliez les aide-mémoire : agenda de taille moyenne, consulté matin et soir, rangé toujours au même endroit  ; ardoise placée dans un endroit stratégique  ; téléphone : rappels enregistrés dans votre smartphone, agenda, tablette et ordinateur.
 
Attention aux ennemis de la mémoire

Certains facteurs peuvent aggraver les troubles de la mémoire. Mieux vaut en tenir compte pour ne pas accentuer les effets du chemofog. Ces facteurs sont :
 
- le tabac et l’alcool ;
- le stress ;
- le manque de sommeil ;
- une activité physique insuffisante ;
- certains traitements psychotropes.

Pour plus d'information et un bilan cognitif: Cancer et Cognition est la première plateforme française d’études et d’évaluation de l’impact du cancer et de ses traitements sur les fonctions cognitivesEn savoir plus