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Bien-être

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Trouver la paix en soi, une étape nécessaire pour ensuite être en paix avec les autres. Aujourd’hui, « se faire du bien » est à la fois culpabilisant, et en vogue. Une présentation de différentes voies qui amènent toute à la même destination : le bien-être ou comment être bienveillant avec nous-mêmes.

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01
décembre
2019

Non, la douleur n'est pas le fruit de votre imagination !

Le 01 décembre 2019 dans la catégorie Bien-être
Non, la douleur n'est pas le fruit de votre imagination !

"Le patient doit être entendu dans sa douleur, elle n'est pas imaginaire", c'est ce que disent deux médecins formés à l’écoute du patient, le Dr Alain Gahagnon et le Dr Martin Winckler dans leur ouvrage "Tu comprendras ta douleur" (Ed. Fayard). On constate qu'2019, on ne prend toujours pas suffisamment en compte la douleur, l'avis et le ressenti du patient. Des études montrent que 12 millions de Français sont insatisfaits de leur prise en charge douloureuse. Pour le Dr Alain Gahagnon, algologue, cela s'explique d'une part, parce la reconnaissance de la douleur est parfois mal faite dès le départ et peut traîner pendant de longs mois.Tendances Première a tendu le micro au dr Gahagnon, un entretien passionnant !

Pourquoi a-t-on mal et que faire pour que ça cesse ? La douleur est intime et propre à chaque individu. Ses mécanismes varient selon qu’il s’agit d’une douleur utile, passagère ou chronique et invalidante. Dans leur livre Tu comprendras ta douleur (Ed. Fayard), deux médecins formés à l’écoute du patient, le Dr Alain Gahagnon et le Dr Martin Winckler, font le point sur les préjugés, les inégalités, les insuffisances et les brutalités face à la douleur.

 
Il y a probablement un problème global de formation à la douleur. En France, la pathologie douloureuse spécifique n'est enseignée qu'à hauteur de 20 heures pendant les études de médecine. Ce n'est pas suffisant. Il est important que l'ensemble du personnel soignant soit formé à la douleur : médecins, infirmiers, kinésithérapeutes, dentistes, pharmaciens...
 
 

Douleur aiguë ou douleur chronique


Il faut distinguer la douleur aiguë et la douleur chronique. Le diagnostic et l'approche thérapeutique seront différents.

 
La première est un signal d'alarme qui nous prévient que quelque chose dysfonctionne, elle joue un rôle essentiel. Sa prise en charge se fait relativement bien, on dispose de tous les traitements adéquats pour tous les âges de la vie. Cela passe par la reconnaissance de la douleur du patient, son évaluation, puis son traitement, tout en en cherchant la cause. Contrairement à ce qui se faisait jadis, on traite la douleur d'emblée, sans attendre d'en connaître la cause.

 
La douleur chronique envahit le patient dans toutes ses capacités fonctionnelles, émotionnelles. Elle est là 24 heures sur 24. Le diagnostic d'une douleur chronique peut être très long. Pour le Dr Alain Gahagnon, ce temps va être raccourci si on prend le temps de mieux écouter ce que dit le patient et si on envisage cette douleur de manière très globale, dans toutes ses dimensions : physique, psychique, sociale, familiale et intime. On va entendre ce que dit le patient, prendre en compte la description qu'il fait de sa douleur et de son intensité, mais aussi de son parcours de vie.
 

La vie quotidienne du patient est détériorée par la douleur, parfois jusqu'au repli sur soi. Elle provoque aussi des manifestations anxio-dépressives. "Souvent, les patients s'entendent dire que s'ils ont mal c'est parce qu'ils sont anxieux ou que la douleur est dans leur tête, et c'est inadmissible", affirme le Dr Alain Gahagnon.

 
Les soignants peuvent avoir une action délétère en ce sens, et en multipliant les examens complémentaires sans trouver de cause, ce qui angoisse davantage le patient.
 
 
Inégaux devant la douleur


Nous ne ressentons pas tous la douleur de la même façon. Nous sommes dans une inégalité par notre génétique, notre sexe, notre éducation, notre milieu social, notre culture. Chacun exprime sa propre douleur avec son propre vécu, ses propres émotions. Sans compter le rôle que joue la situation dans laquelle se produit la douleur aiguë.

 
De nombreux médecins ont tendance à sous-estimer l'intensité de la douleur. La douleur des femmes en particulier est systématiquement mésestimée et donc sous-traitée. Pour une cause identique, on leur donne moins de morphine qu'aux hommes. La composante émotionnelle donne à penser aux médecins que la femme en rajoute. En réalité, les femmes ressentiraient la douleur plus intensément que les hommes.

 
"La douleur est un phénomène émotionnel, produit par le cerveau, et comme nous avons tous des cerveaux différents, un vécu différent, chacun va l'exprimer différemment. Par conséquent, la seule référence de quelqu'un qui a mal, c'est la personne qui a mal."

   
La douleur n'est pas imaginaire


Il est absolument nécessaire que le soignant croie ce que lui dit son patient sur sa douleur. La douleur n'est absolument pas imaginaire. Si un patient la décrit de façon exagérée, c'est son propre vécu de la douleur, sa propre émotion qui va peut-être l'amplifier.
 

La douleur crée de l'anxiété, et l'anxiété comme la dépression majorent la douleur. Si on ne corrige pas l'anxiété liée à une douleur aiguë, celle-ci va s'accentuer. C'est ce qu'on appelle le cercle vicieux de la douleur.

 
La douleur chronique entraîne des pertes de repère dans sa vie de tous les jours, la perte du travail, des relations sociales. Comme elle n'est pas visible, les proches, les amis ne comprennent pas ce qui se passe.

 
Ce livre peut aider les patients douloureux à comprendre la douleur dans ses mécanismes, dans la prise en charge telle qu'elle devrait être, mais il s'adresse aussi aux soignants et aux personnes qui entourent le patient douloureux. La société doit changer son regard sur la douleur pour mieux accompagner les personnes qui souffrent.
 
 Quel traitement ?


Dans la douleur aiguë, le traitement est simple : paracétamol, ibuprophène, morphiniques....

 
Dans la douleur chronique, si on ne s'appuie que sur un traitement médicamenteux, on court à l'échec. Il est bien sûr indispensable, l'important étant de bien l'expliquer au patient : sa durée, ses effets... Il interviendra pour 10 ou 15% de la prise en charge.
 

Il y a ensuite un panel de possibilités, pour une prise en charge globale qui permette de mieux affronter, accompagner la douleur, voire de la faire disparaître :

 
Les techniques physiques : la kinésithérapie, la stimulation externe, comme la neurostimulation médullaire, etc.

Les techniques relationnelles : le cerveau va fabriquer des endorphines via la relaxation, la sophrologie, l'hypnose, qui vont permettre d'abaisser un peu le niveau de la douleur, mais aussi d'apprendre à gérer le stress qu'elle engendre.

La prise en charge psychologique si le patient le souhaite, ce qui est parfois difficile s'il s'est souvent entendu dire que la douleur était dans sa tête.
On est de plus en plus méfiant vis à vis de l'allopathie et des traitements médicamenteux, mais il faut bien comprendre que dans une douleur chronique, chaque partie du traitement a son importance, tout est complémentaire.

 
 Les douleurs neuropathiques

Parmi les douleurs chroniques, figurent les douleurs de mécanisme neuropathique. Cela concerne en particulier les douleurs post-chirurgicales : interventions sur le thorax, dans la région inguinale ou au genou.

 
Elles sont totalement différentes de celles que l'on ressent dans la vie courante. Ce sont des décharges électriques, des sensations de compression, d'étau, de coups de couteau, des fourmillements,... Ces signes doivent alerter le patient. Mais le chirurgien, qui estime que l'opération s'est bien passée, n'a généralement pas le réflexe de l'envoyer vers une consultation douleur. Or plus on attend dans le cas d'une douleur neuropathique, plus le traitement sera difficile.

 
Le Dr Alain Gahagnon ne pense pas qu'on puisse s'habituer à la douleur, mais il est vrai qu'une tolérance peut être acceptée. Le patient, s'il se sent reconnu dans sa douleur, arrête de lutter contre elle, apprend à faire avec, et peu à peu la douleur et son ressenti vont s'amenuiser.

 
Source : RTBF La Première

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