Vie & Cancer Partenaires
Alimentation

Alimentation

"Que ta nourriture soit ta médecine, et ta médecine, ta nourriture", disait déjà Hippocrate, considéré comme le père de la médecine. Une compilation des recettes et d’études sur le sujet pour vous aider à bien garnir votre assiette.

Vous êtes ici : Accueil > Alimentation > Quels liens entre notre alimentation et notre santé mentale ? Un dossier de Tendances Première

01
juillet
2022

Quels liens entre notre alimentation et notre santé mentale ? Un dossier de Tendances Première

Le 01 juillet 2022 dans la catégorie Alimentation
Quels liens entre notre alimentation et notre santé mentale ? Un dossier de Tendances Première

À la lumière des dernières découvertes sur l’influence de la santé de notre intestin sur la santé de notre cerveau, on ne peut plus ignorer le rôle de l’alimentation dans certains troubles psychiques, comme la dépression ou l’hyperactivité. Dans son dernier ouvrage, Bien manger pour ne plus déprimer, le docteur Guillaume Fond nous explique comment ce que nous mangeons joue un rôle central sur nos émotions et notre équilibre psychologique.

Guillaume Fond est médecin psychiatre et chercheur aux hôpitaux universitaires de Marseille, et il est aussi le meilleur spécialiste français des liens entre psychologie et microbiote.
  
Dès le début du 20e siècle, on a connu un intérêt pour les liens entre l’intestin et le cerveau, mais il a été balayé par les psychotropes, dans les années 50, puis par la pharmacologie pendant les 50 ans qui ont suivi. Depuis une vingtaine d’années, on s’intéresse aux liens entre l’inflammation et les maladies mentales et c’est en 2009 qu’on parle du microbiote, avec la métagénomique, une technique qui permet d’analyser finement le microbiote de chaque individu. Et on assiste à une explosion des découvertes, depuis une dizaine d’années.
 
L’importance du microbiote

Le microbiote, c’est entre 500 grammes et un kilo et demi de germes dans l’intestin, qui constituent une armée sensationnelle et encore trop méconnue.
 
Les théories hygiénistes de Pasteur qui préconisent la désinfection, le Covid et les indispensables gestes barrières,… il faut bien sûr rappeler les gestes de protection vis-à-vis des germes infectieux. Mais il ne faut oublier qu’il y a aussi des germes qui nous défendent ! En voulant trop désinfecter, ou en prenant des antibiotiques de façon inadaptée, on peut décaper notre microbiote et ainsi nous fragiliser.
 
La diversité est beaucoup plus importante dans notre microbiote que dans nos gènes. Il ouvre donc de grands espoirs. En revanche, la diversité est telle qu’il est difficile de définir ce qu’est un microbiote sain, et à partir de quand on est dans une pathologie, parce qu’il y a d’immenses variations d’une personne à l’autre.

Une même alimentation pour tous ?

En fonction de chacun, l’alimentation doit varier : selon le niveau d’activité physique, selon l’âge, le sexe, les facteurs génétiques, le métabolisme de base, les antécédents familiaux, les autres pathologies, le lieu de vie…
 
"La bonne nouvelle, c’est qu’on n’a pas besoin d’avoir des analyses fines du microbiote pour faire des recommandations, parce qu’on a des signes indirects de souffrance du microbiote. Je pense par exemple au syndrome de l’intestin irritable, qui touche plusieurs millions de personnes, explique le docteur Guillaume Fond. En fait, il est très lié à l’anxiété et à la dépression. On ne retrouve pas de lésions au niveau de l’intestin, ça se passe vraiment au niveau du microbiote. Il y a des liens bilatéraux entre l’intestin et le cerveau, et à partir de là, on a des signes indirects, des points d’appel digestifs."
 
On sait aussi que le surpoids et l’obésité sont associés à une augmentation des risques de maladie mentale, d’anxiété et de dépression, et réciproquement.
 
L’effondrement de la biodiversité du microbiote

Les antidépresseurs vont aller rectifier des balances chimiques dans le cerveau sans se poser la question de savoir d’où vient le déséquilibre initial. Il peut venir d’un manque d’activité physique. On sait qu’elle est très efficace, au même titre que l’alimentation, en préventif contre la dépression. Les antidépresseurs soulageront temporairement sans traiter l’inflammation sous-jacente.
 
Dans nos sociétés, nous mangeons le régime occidental, l’un des pires régimes pour la santé, car il est très inflammatoire, très riche en sucres rapides et en graisses saturées. Ces produits, majoritairement ultra-transformés, vont déséquilibrer le microbiote, cela va induire une dysbiose, une perturbation de la qualité et parfois de la quantité de microbiote.
 
C’est un peu comme si l’effondrement de la biodiversité dans l’environnement s’accompagnait d’un effondrement de la biodiversité dans notre microbiote. Dans les maladies de la civilisation, il y a le diabète, le cancer, mais aussi la dépression.

 
"La grande prise de conscience de la santé mentale de ces dix dernières années, c’est que les facteurs de risque du cancer sont les mêmes que ceux de la dépression. Il ne faut pas scinder le corps et l’esprit comme le faisait Descartes ; on est vraiment dans une approche spinoziste, l’un ne va pas sans l’autre. Et c’est vraiment au niveau biologique que cela se joue."
 
 Une alimentation anti-inflammatoire


L’alimentation va permettre de renforcer l’immunité : le microbiote fragilisé peut être réenrichi par des probiotiques et par une alimentation anti-inflammatoire, comme celle que préconise le régime méditerranéen.
 
Le vin rouge peut être consommé, pour ses diverses qualités, mais avec modération et pas tous les jours. L’alcool, souvent plus sucré, peut, par contre, induire des perturbations du microbiote, une prise de poids, de l’inflammation abdominale, etc.
Le café est un antioxydant, il est associé à moins de dépressions, à moins de déclenchements de démence d’Alzheimer. Mais au-delà de 3 tasses par jour, on observe, selon les personnes, de la tachycardie, de l’anxiété, des troubles du sommeil et des risques d’addiction. C’est très variable d’une personne à l’autre.
La consommation de légumes et de fruits améliore le risque de dépression, en préventif, respectivement de 14% et de 9%. Il faut juste essayer de limiter les fruits les plus sucrés, comme les raisins. Il faut aussi veiller à ce que ce soit des produits de qualité. Les yaourts aux fruits sont souvent extrêmement sucrés et ont perdu la valeur nutritionnelle du fruit.
 
L’alimentation qui protège

Au niveau planétaire, des études montrent que la qualité de l’alimentation est en train de se dégrader. Le potentiel nutritionnel des aliments diminue, sauf s’ils sont cultivés en circuit court, local, et consommés dans un délai raisonnable.
 
On sait que la pauvreté est un facteur de risque d’une mauvaise alimentation et que la malnutrition est la première violence faite aux pauvres. On est par ailleurs face à une crise de société qui implique un problème de conscience : la part du budget a régressé pour l’alimentation et a augmenté pour le logement et, récemment, pour l’énergie. On fait quotidiennement le choix de faire passer en priorité d’autres postes que l’alimentation.
 
Dans ce livre, le docteur Guillaume Fond essaie d’éveiller à une prise de conscience que l’alimentation est la base de ce qu’on amène dans notre corps, au même titre que l’air que l’on respire : s’ils sont de mauvaise qualité, il y aura inflammation et perturbation du système immunitaire.
 

L’alimentation a donc un rôle très important à jouer sur la protection de toutes les maladies inflammatoires chroniques, qui augmentent le risque de troubles mentaux.

Réécouter l'interview radio

Un article de la RTBF (source)