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22
février
2016

Sois fort!

Le 22 février 2016 dans la catégorie Conseils du coach
Sois fort!

Parmi les tas de petites voix intérieures, il en est une que les personnes touchées par un cancer connaissent bien : « sois fort(e) ! ». Être fort permet de résister, mais rester continuellement dans la résistance et la lutte, c'est énergivore. Et si la vraie force était de savoir diriger son énergie dans ce qui nous nourrit ?

Le changement est inhérent à la vie. Nous sommes soumis aux cycles de la nature, les saisons, le vieillissement, nos modes de vie… Tout est changement. Un changement non voulu, brutal, génère du stress et de la peur. En réponse à l’événement inattendu, les trois attitudes fréquentes sont : la sidération, la fuite ou l’attaque. Il s’agit là de réflexes comportementaux qui régissent encore le règne animal, et qui permettent au corps de se préparer à l’action. Bref, le stress est un mécanisme d’adaptation de l’organisme face aux dangers. Mais qui dit stress dit émotions, et coût énergétique. Trop de stress épuise donc nos réserves d’énergie. 

Philippe Corten[1], neuropsychiatre, et professeur à l’ULB, explique en termes très pédagogiques ce mécanisme complexe :

Ce mécanisme est une réaction d’adaptation du système nerveux, autonome et massif, destiné à assurer la survie d’un animal face à un danger pouvant mettre en péril sa vie. Il s’agir d’un mécanisme : nerveux parce que c’est le cerveau qui le déclenche, autonome parce que nous ne le commandons pas volontairement et massif parce que nous ne pouvons pas le moduler.

(…) nous avons décrit les phénomènes physiologiques lorsque tout se passe bien.  Imaginons maintenant que la situation se maintienne.  L’orthosympathique se met en branle, la tension augmente, le sang va vers les muscles, le rythme cardiaque et respiratoire s’amplifie, mais l’organisme ne peut pas indéfiniment augmenter tout son rythme cardiaque, sa tension, etc.…  Pour éviter la catastrophe, il utilise une contre-réaction aux décharges d’adrénaline, il ajoute non seulement de l’acétylcholine, mais aussi du cortisol.  Le cortisol n’est pas une réponse destinée à agir ou à se détendre immédiatement, mais surtout à résister dans l’épreuve. D’une certaine manière les choses se calment, la tension n’augmente plus ni le rythme cardiaque, mais les deux phénomènes se juxtaposent, tantôt les sphincters se contractent tantôt ils se dilatent et c’est ce va-et-vient constipation-diarrhée, tantôt des transpirations tantôt des sueurs froides, tantôt du désir tantôt des pertes de libido et d’érections, etc.…  Dans l’ensemble le sort est plus enviable que si l’orthosympathique travaillait seul.  C’est ce que l’on appelle la phase d’adaptation.  Mais à quel prix ?  Cette situation où l’orthosympathique et le parasympathique fonctionnent simultanément non seulement entraîne une sécrétion plus importante d’adrénaline, d’acétylcholine et de cortisol, mais nécessite énormément d’énergie.

(…)Que se passe-t-il si cela perdure ?  Cela peut durer très longtemps.  Mais au bout du compte, l’organisme craque de façon brutale : l’ulcère perforé, l’infarctus, l’hémorragie cérébrale, l’accident de voiture, le suicide !  Et nul ne peut prédire le type de décompensation, ni quand il adviendra !

Alors face à l’anxiété liée à la maladie, le retour au travail, la crainte de la rechute, que faire ? 

Faire le choix de diriger son énergie vers ce qui nous renforce. Récemment, le chanteur de Dionysos, Mathias Malzieu, décrivait comment il avait (sur)vécu après qu’on lui a diagnostiqué une maladie du sang très rare[2]. Pour le chanteur, ce qui l’a aidé, ça a été son art, écrire, composer, mettre son énergie dans une œuvre créatrice, plutôt que de se laisser envahir par la peur.

Oui, avoir peur est légitime, mais on ne peut malheureusement pas revenir en arrière. Quand on ne peut lutter contre le changement, on peut toujours le façonner d’une manière qui nous est plus douce à vivre. Dirigez votre énergie de manière positive vers quelque chose qui vous tient à cœur, à votre échelle. Écrire des poèmes, peindre, méditer… toute activité qui vous nourrit vous rendra plus fort !


 



[1]P. Corten, Stress et stress pathologique, cours de psychopathologie du travail, Chapitre 1, ULB (lien : http://homepages.ulb.ac.be/~phcorten/CliniqueStress/DocumentsStress/StressPathologique/0-Le%20stress%20patho_Plan.htm
[2]https://www.youtube.com/watch?v=vEMtYBIMLSw