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27
avril
2016

Quand le déséquilibre permet d'avancer

Le 27 avril 2016 dans la catégorie Conseils du coach
Quand le déséquilibre permet d'avancer

"Penser qu’il pourrait y avoir une vie sans conflit me semble pur fantasme. La vie n’est que conflit. Et cette vie qui n’est que conflit fait songer au principe même de la marche. La marche, c’est une chute constamment évitée. Mais s’il n’y avait pas la chute, il n’y aurait pas l’évitement, et on n’avancerait pas…"

Cette phrase, je l’ai entendue au détour d’un débat télévisé sur les conflits intrafamiliaux, mais elle a une résonance plus large. L’autre jour, j’étais déprimée à la suite d'une rencontre professionnelle qui n’avait pas débouché sur ce que j’aurais pu en espérer. Abattue, je ressentais de la colère, envers moi-même qui m’étais peut-être mal exprimée, envers mes interlocuteurs qui ne me semblaient pas du tout m’avoir comprise, pire, écoutée. De la colère envers ce que je vivais comme une « injustice ». Alors que je ruminais intérieurement, je suis allée faire du sport. L’énergie de la colère bien dépensée, une chose m’a alors frappée : cet événement que je pensais négatif de prime abord était un cadeau ! J’avais mis tant d’espoir sur une voie, un espoir devenu un piège puisque je portais des œillets, ne voyant plus qu’une voie, mais la voir se fermer m’en ouvrait tant d’autres…

Et si la vie n’était qu’une suite de leçons ? Et si la répétition de problèmes aux caractères similaires n’était que l’Univers qui essaye de nous faire comprendre cette leçon ? Évidemment, il en est que l'on préférerait ne pas avoir à apprendre, mais à défaut de pouvoir changer le passé, et de ruminer sur ce qu’on n’a pas pu faire pour l’éviter, autant diriger notre énergie dans la construction du sens à donner à un événement malheureux.

Il ne s’agit nullement de prêcher une dictature de l’optimisme. On entend malheureusement trop souvent, surtout dans les cas de cancer, qu’il « ne faut pas se laisser envahir par des émotions négatives sous peine de freiner la guérison ». Avoir du mal à vivre un événement difficile, encore plus quand il s’agit d’une maladie grave, est la moindre des choses. C’est une expérience de notre humanité. Nous ne sommes pas des robots. Ce qui caractérise l’humain n’est pas sa force (j’entends ici sa force à lutter ou à aller contre lui-même), mais bien sa fragilité. Apprivoisons cette fragilité, acceptons là. Ensuite, aller de l’avant sera nécessairement l’étape ultérieure.

La prochaine fois que vous faites face à une déception, à un conflit qui vous mine, prenez le temps de noter vos émotions (colère, tristesse) et de les laisser venir, plutôt que d’essayer de les éviter (ce que notre éducation judéo-chrétienne nous pousse parfois à faire malgré nous). Faites une activité qui vous permette de vous recentrer (marcher dans la nature, prendre un bain, faire du sport…), et revenez ensuite sur le problème avec un regard extérieur, un peu comme si vous vous observiez en "position méta[1]". Si vous deviez voir le verre à moitié plein, qu’est-ce que cet échec, ce conflit, vous apporte ? Peut-être est-ce faire le deuil de quelque chose pour vous ouvrir à une autre, à laquelle vous n’auriez pas songé ? Ou pouvoir porter davantage votre attention sur ceux qui vous aiment et vous entourent plutôt que sur ceux qui vous portent préjudice ?

Ce qui est clair, c’est que face à la souffrance, on a toujours deux possibilités : se laisser abattre, ou se battre. Boris Cyrulnik, psychiatre et psychanalyste français.




[1]Se mettre en « méta-position », c'est-à-dire prendre du recul et s'observer par rapport à une situation.