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13
février
2019

Aujourd'hui, j'ai le blues, et alors ?

Le 13 février 2019 dans la catégorie Conseils du coach
Aujourd'hui, j'ai le blues, et alors ?

"Un bon moral, c'est 80% de la guérison", "C'est derrière toi, arrête de ressasser !", "Allez, sois fort(e), ça va aller !", "Le bonheur ne dépend que de toi"... Oui, mais... Certain jour, certaine semaine, sont plus difficiles que d'autres. La douleur, les difficultés financières, le sentiment de solitude, la fatigue nous envahissent. Que faire ? Nier notre ressenti ou se laisser à vivre cette tristesse, ce gouffre, pleurer, se plaindre, dire "je vais mal" ? Ne dit-on pas qu'il n'y a pas de lumière sans ombre ? Oser vivre les sentiments dits négatifs, c'est aussi une part du processus de guérison, tant que ça n'en devient pas une prison.

Est-ce le printemps qui nous semble encore loin ou parce que malgré les bonnes résolutions de l’an, notre vie n’a pas changé d’un coup de baguette de magique ? Est-ce que notre vie n’aurait quand même pas été bien plus allégée sans ce foutu crabe ? Et cette fatigue, ces douleurs, et cette solitude (si pas réelle, en tout cas réellement ressentie) que personne ne semble comprendre, viennent s’ajouter à la morosité hivernale. Comment vivre au quotidien cette injonction paradoxale « exprime-toi, mais pense positif en toute occasion » ?


Récemment, j’ai lu le témoignage d’une patiente sur le site de la Chaîne Rose. Elle y témoigne de son besoin d’exprimer sa douleur, de ne pas aller bien envers et contre tout, parce que parfois c’est trop dur.  Extrait : J’en ai assez de devoir toujours voir mon présent en rose et d’être obligée de me projeter dans un avenir rouge triomphant. Je me donne le droit de vivre une parenthèse bleutée, d’être triste parce que oui, j’ai mal dans mon corps et dans mon âme, de me sentir faible et faillible dans ce combat, de pleurer.


Et bien que dans mes accompagnements, je coache des patients sur la permission d’aller mal, parce qu’après tout ils font comme ils peuvent, avec ce qu’ils ont comme énergie à ce moment-là, je me suis moi-même surprise à ne pas oser lâcher-prise. Pourquoi cela me fait-il encore parfois mal 8 années après ? Est-ce qu’il y aura une fin ? D'un enfantin "c’est pas juste", je réagis à la plus petite contrariété. Effectivement,je ne suis pas certaine de vivre tous les jours en prenant les épreuves comme de "belles leçons de développement personnel" ! Oui, il y a des jours où faire un effort, croire, avancer nous paraît impossible, parole de coach.


Alors que faire ?


Je vous donne ma recette, et elle n’engage que moi : pleurer, frapper un coussin, crier dans un lieu isolé, que dis-je hurler, faire sortit cette rage, cette tristesse. Et si vous avez besoin d’une méthode plus douce, laisser les larmes doucement couler, roulé en boule dans votre lit, tout ce qui vous permet de relâcher est bon à prendre.


Écouter votre baromètre intérieur


C’est d’une banalité affligeante, mais vous connaissez le proverbe : « après la pluie, le beau temps ; après l’hiver revient le printemps ».  Il y a une sagesse toute terrienne derrière ces vieux adages, c’est l’idée de cycle. « Rien n'est permanent, sauf le changement » disait déjà 6 siècles av. J.-C. Héraclite d'Éphèse. Ce que l’auteure du témoignage dont je vous parlais plus haut ajoute d’ailleurs, c’est : « Certes tout n’est pas noir et le pire n’est pas obligatoire. Dans cet article, j’ai découvert le terme de « pessimiste actif » et il me va bien. Je le sais, dans quelque temps, je vais rebondir et je vais trouver les ressources pour ne pas me laisser submerger par cette vague bleue. »


Si la morosité perdure, si les idées noires envahissent tellement votre esprit que vous ne voyez plus d’issue, ne restez pas seul : parlez-en ! Au cas où vous ne voyez personne autour de vous susceptible de vous écouter, n’hésitez pas à voir un professionnel qui pourra vous aiguiller (vous pouvez en parler à votre médecin traitant ou votre oncologue qui vous dirigera). Ne sous-estimez pas votre importance, vous êtes unique. Écoutez-vous, il y a des moments où appeler à l’aide est la solution.


Oser exprimer son bien-être comme son mal-être


A regarder les étals des libraires, on dirait que l’optimisme est de rigueur avec des titres à l’américaine « Oser être heureux », « Faire le choix du bonheur »… Certes, le programme est alléchant, mais ne vous fiez pas aux simples titres. Un bon ouvrage de développement personnel comprend l’importance d’être à l’écoute de toutes les émotions, car elles ont toujours quelque chose d’important à nous dire. Il s’agit donc de prendre en compte son émotion, l'identifier, la nommer, l'accepter et agir avec elle, non contre elle.


Que me disent ma colère, ma tristesse ?


Que tout simplement il est humain de ressentir de l’injustice face à votre situation, que vous avez droit de cité dans tout ce que vous êtes. En général, accepter de la nommer et de l’exprimer à votre façon sera déjà un grand pas. La méditation de pleine conscience ou la cohérence cardiaque sont des techniques très simples et peu coûteuses (il existe bon nombre de vidéos gratuites pour vous guider sur Internet) pour retrouver une harmonie intérieure sans nier ce que vous ressentez.


Souvent, la colère ou la tristesse sont des réactions face à un manque d’un besoin fondamental : AIMER. Cela peut vous faire sourire, mais nous sommes nombreux à manquer d’amour… de notre propre part. Pouvez-vous affirmer sans sourciller « Je m’aime » en vous enveloppant d’un amour inconditionnel ? De vieilles blessures peuvent être ravivées par les expériences douloureuses que vous vivez aujourd’hui. Peut-être est-ce l’occasion de vous apporter à vous-mêmes ce réconfort aimant, bienveillant, comme le ferait un bon parent envers son enfant. Alexandre Jollien dans « Le philosophe nu » confiait cette réflexion : Dans "Une Vie Bouleversée" (son journal), Etty Hillesum me délivre d'une tentation : "Ce matin, je me suis octroyé une demi-heure de dépression et d'angoisse". Si je repense à mon enfance, je vois bien que les moments tristes, les chagrins et la peine, je ne les ai pas vécus à fond. Je n'ai fait que les accepter en surface. (...) Les souvenirs douloureux, rejetés, agiraient-ils comme des bombes à retardement qui, tôt ou tard, si je ne les désamorce pas, me péteront à la gueule ?


Alors oui, on a le droit d’avoir le blues. Il paraît qu’en chromothérapie, on associe le bleu à des environnements apaisants. Je pense que s’autoriser à aller au bout de son blues, finit par nous apaiser.

Et je finirai avec ces mots d'Eckart Tolle, le père du pouvoir du moment présent : 

Dites toujours « oui » au moment présent. Qu'y aurait-il de plus futile, de plus insensé, que de créer une résistance interne à ce qui est déjà ? Dites oui à la vie, et vous verrez comment soudainement elle se mettra à travailler avec vous, et non contre vous.