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La lecture, c'est la porte ouverte vers un monde infini d'idées, de rêves, de découvertes. Je vous présente quelques romans, analyses ou essais sur le cancer, ou la vie en générale, agrémentés de ma critique.

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07
avril
2016

"D'autres vies que la mienne", d'Emmanuel Carrère, un livre sur la maladie, la mort, la justice, mais par dessus tout, la VIE

Le 07 avril 2016 dans la catégorie Bibliothèque
"D'autres vies que la mienne", d'Emmanuel Carrère, un livre sur la maladie, la mort, la justice, mais par dessus tout, la VIE

C’est un roman, un vrai, c’est-à-dire un livre qui nous transporte du Sri Lanka à une petite ville de l’Isère, qui nous raconte des destins tragiques et beaux à la fois. Mais si la forme est romanesque, comme les histoires de ces héros, ce sont des faits réels qui constituent la trame de fond. Emmanuel Carrère nous parle de la mort, mais surtout de la vie, du souffle vital qui perdure après la disparition des êtres aimés, du sens que l’on trouve ou non dans la maladie. Voilà pourquoi cet ouvrage tient une bonne place dans la bibliothèque de Vie & Cancer.

L’auteur résume bien la trame, inutile donc que je m’attache à résumer longuement ce dont il est question. Je vais donc retranscrire ce qu’en dit Emmanuel Carrère, avant de m’attacher plus profondément aux points qui m’ont touchée.

À quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde : la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari.

Quelqu'un m'a dit alors : tu es écrivain, pourquoi n'écris-tu pas notre histoire?
C'était une commande, je l'ai acceptée. C'est ainsi que je me suis retrouvé à raconter l'amitié entre un homme et une femme, tous deux rescapés d'un cancer, tous deux boiteux et tous deux juges, qui s'occupaient d'affaires de surendettement au tribunal d'instance de Vienne (Isère).

Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice et surtout d'amour. Tout y est vrai.

Le cancer n’est pas le sujet principal du livre, c’est d’amour dont il s’agit. Malgré tout, on ne se refait pas, ce sont les différentes questions liées à la maladie d’une des protagonistes qui ont fait écho à mon histoire de patiente. Ce site étant principalement dédié à cette question, c’est donc celle-ci dont je vais davantage traiter dans cet article, bien que j’encourage quiconque à lire le livre, car les messages sont universels.

En parlant de la douloureuse perte d’un enfant d’un couple d’amis, l’auteur a ces mots : la veille encore ils étaient comme nous, nous étions comme eux, mais il leur est arrivé quelque chose qui ne nous est pas arrivé à nous et nous faisons maintenant partie de deux humanités séparées. Quand un drame vient bouleverser nos vies, nous avons soudain le sentiment de ne plus « appartenir » à ce monde qui continue de tourner sans nous. La perte d’un enfant, peine incommensurable avec laquelle je ne peux que compatir comme maman, diffère bien sûr de l’annonce d’un cancer (et il serait stérile et ridicule de comparer les peines et les souffrances). Mais les mots sont justes pour les deux situations. À l’annonce de la maladie, c’est déjà comme si nous n’étions plus du monde des sains et des vivants. Et le chemin à parcourir pour raviver la flamme de la vie diffère pour chacun.

Ce que dit Étienne Rigal, frappé par un cancer, non seulement une première fois à 18 ans, mais avec récidive quelques années plus tard, sur la maladie est fort, très fort. Une nuit, raconte-t-il, à l’hôpital, il s’est passé quelque chose de décisif, qui a changé son regard sur ce qui lui arrivait. Voici en substance « sa révélation » :

Les cellules cancéreuses sont autant toi que les cellules saines. Tu es ces cellules cancéreuses. Elles ne sont pas un corps étranger, un rat qui se serait introduit dans ton corps. Elles font partie de toi. Tu ne peux pas détester ton cancer parce que tu ne peux pas te détester toi-même.

Ton cancer n’est pas un adversaire, il est toi.

Personnellement, ces phrases me donnent le frisson. Je pense qu’elles ne rencontreront pas beaucoup d’adeptes comme moi. Pourtant, il s’agit là d’une des pierres d’angle de la guérison (outre la médecine, pilier principal, on est d’accord). Dans son « Dialogue avec les cellules », Guy Corneau ne dit-il pas la même chose en substance ? Plutôt que de se battre (et donc d’être dans une énergie guerrière), il visualise ces cellules cancéreuses s’en aller et être remplacées par des cellules saines[1]. D’une autre manière, c’est aussi ce que j’évoquais dans le conseil coach « Se regarder avec bienveillance ».

Les questions existentielles et philosophiques abordées tout au long du livre sont autant de pistes de réflexion pleines de lumière. Décidément, je ne peux que recommander cet excellent roman ! 
 



[1]Il s’agit d’un exercice de visualisation créative, un voyage intérieur au cours duquel l’esprit est à l’écoute du corps et pilote sa guérison. Tout comme les émotions venant du corps peuvent interférer avec notre esprit, nos pensées peuvent nous faire visualiser des scènes qui influencent notre corps. Ce n’est pas du tout un exercice intellectuel. La théorie n’a rien à faire ici. Ce qui compte c’est de vivre pleinement ce type d’expérience et d’en ressentir les bienfaits en soi. Outre son beau livre, Guy Corneau nous offre sur son blog officiel, www.guycorneau.com, un enregistrement d’une demi-heure sur ce voyage intérieur. À écouter, à savourer et à méditer (source : http://www.e-sante.fr/guerir-son-cancer-en-dialoguant-avec-ses-cellules/blog/373