Malgré des prises en charge médicales relativement bien couvertes dans des pays comme la Belgique et la France, les difficultés financières liées au cancer troublent le bon rétablissement des patients et impactent leur qualité de vie. On parle alors de "la toxicité financière du cancer", un mal qui touche évidemment plus durement les personnes déjà issues d'un milieu socioéconomiquement fragilisé.
Les difficultés financières rencontrées par les patients atteints de cancer jouent un rôle sur leur rétablissement et leur qualité de vie. Il y a certains traitements qui ne sont pas entièrement remboursés, les soins de supports pendant et après les traitements, pour diminuer la douleur, la fatigue, le stress... tous ces "à côtés" qui accompagnent le patient tous les jours. Les soins, physiques et psychologiques, ont un coût. Mais ce qui pèse lourd dans le portefeuille, ce sont les impacts sur la vie sociale: perte d'emploi, difficultés de faire un emprunt hypothécaire ou de souscrire à une assurance, sauf primes extrêmement élevées...
L'EORTC (The European Organisation for Research and Treatment of Cancer) organise une année sur deux un sommet sur le sujet de la qualité de vie des patients, qui prend en compte tous les paramètres énumérés ci-dessus.
Heureusement, certaines initiatives visent à accompagner le patient en privilégiant l'accessibilité (je pense ici à la Maison du Bien-Être à Charleroi, La Vie-là à Ottignies pour la Belgique). Ce sont là des projets possibles car à l'entre-aide, les dons et au bénévolat. J'espère un jour que les pouvoirs publics pourront davantage soutenir financièrement ces actions importantes pour retrouver la voie de la santé. Il n'est pas question de luxe, simplement de rendre l'épreuve moins éprouvante (tant que faire se peut), et de permettre aux patients de retrouver la force vitale en eux. Car une fois qu'il leur en est donné l'occasion, ce sont généralement les meilleurs défenseurs d'une vie vécue en pleine conscience.
Sur le site français "Pourquoi Docteur" (fondé par le Dr Jean-François Lemoine), un article récent pointe même les régions du monde où les patients s'endettent pour se faire soigner.
Une chose certaine, ce n'est pas en niant cette problématique que nous participeront à une société plus inclusive, plus portée à faire du bien qu'à veiller à faire de chaque individu qui la compose, un facteur de rentabilité. C'est parfois en se retrouvant au pied du mur que les choses les plus essentielles nous apparaissent avec le plus de limpidité.
Extrait de l'article de Pourquoidocteur.fr sur les patients qui s'endettent:
En clair, les patients atteints de cancer finissent presque toujours par s'endetter. Il a en effet été prouvé que les patients atteints de cancer font face à des difficultés financières, et ce même dans les pays où les frais de santé liés au cancer sont largement pris en compte par la société, comme c'est le cas de la France.
Plusieurs études présentées lors du congrès de la société européenne d'oncologie (European Society for Medical Oncology) Asia 2016 de Singapour apportent un nouvel éclairage sur cette situation.
En Malaisie, 51 % des patients atteints de cancer en difficulté financière
Une étude réalisée en Malaisie a ainsi montré que plus de la moitié des patients qui ont survécu à un cancer dépensaient au moins un tiers du salaire annuel de leur foyer dans les traitements, les transports pour se rendre à l'hôpital et les frais de nourrice ou de crèche. Des dépenses qui mettent évidemment en grande difficulté financière les patients et leur famille.
Ces résultats sont basés sur 1 662 hommes et femmes ayant participé à l'étude Coûts dans l'Oncologie de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN Costs in Oncology Study). Plus de la moitié (51%) des patients toujours en vie un an après le diagnostic du cancer souffraient de difficultés financières.
L'origine de ces difficultés ? Dans ce cas de figure, elles proviennent du fait que les patients doivent payer eux-même pour les médicaments anticancéreux car la plupart de ceux-ci ne sont pas pris en compte par le gouvernement, ce malgré l'existence d'un système de santé et de la gratuité des soins.
Une situation pas limitée à la Malaisie
En commentaire de l'étude, le professeur Nathan Cherny, enquêteur principal de l'ESMO (EUROPEAN SOCIETY FOR MEDICAL ONCOLOGY) sur l'accès aux médicaments antinéoplastique, a déclaré que « malheureusement cette situation n'est pas limitée à la Malaisie. Des données qui vont bientôt être publiées indiquent que le poids des dépenses personnelles pour des médicaments qui ne sont pas sur la liste des traitements essentiels de l'Organisation mondiale de la Santé est substantiel dans la plupart des pays aux revenus moyens-élevés, comme la Malaisie ».
Ces problèmes sont « encore plus sévères dans les pays à revenus moyens et bas où les patients doivent payer eux-mêmes pour leurs soins, même dans le cas de traitements anticancéreux considérés comme essentiels », a-t-il rajouté.
Une étude pilote réalisée dans le département d'oncologie d'un hôpital australien a, elle, montré une autre facette de ces difficultés : la question du travail. Cette étude montre que trois quarts des patients de cet hôpital atteints de cancer avaient déclaré une baisse de revenus du foyer après le diagnostique de la maladie. Les causes principales de cette baisse de revenus étaient les changements de conditions d'emplois, par exemple une baisse du nombre d'heures travaillées, voire un arrêt du travail ou une obligation de se mettre en retraite du fait de leur maladie. Le rapport entre l'argent et le cancer est complexe et nécessite de plus larges enquêtes afin de faciliter la vie de ces patients et de leur famille.