"J'ai la mémoire qui flanche, je me souviens plus très bien..." pourraient chanter les personnes en traitements contre le cancer, et même bien après, si ce n'était pas un sujet grave. En effet, ne pas trouver ses mots, oublier des informations, mélanger des sujets, sont autant d'obstacles à la gestion de la vie quotidienne rencontrés par de nombreux survivants. Le fait que ces effets secondaires perdurent parfois des années après, peut engendrer une perte de confiance en ses capacités et une baisse d'estime de soi, défavorable à un retour au travail serein par exemple. Heureusement, certains outils existent et des recherches s'organisent. Comme tout marathon, il faut de l'entrainement pour passer la ligne d'arrivée.
"L’impact du cancer comme de ses traitements (chimiothérapie, thérapies ciblées) sur les fonctions cognitives sont mal connus. La question ne suscite pas beaucoup l’intérêt de la communauté scientifique. Plusieurs études ont cependant été publiées, essentiellement sur des patientes atteintes d’un cancer du sein. Pour autant, en raison d’échantillons de patients très réduits dans les études et du faible nombre d’études cliniques longitudinales et de modèles animaux dédiés, il n’existe aucune étude réellement satisfaisante évaluant les mécanismes reliant la question du cancer et de la cognition.
La problématique mérite pourtant que l’on s’y penche : voilà de nombreuses années que les oncologues enregistrent chez leurs patients des plaintes relatives à des troubles persistants de la mémoire, de la concentration, de la réflexion.", peut-on lire sur le site de Cancer et Cognition la première plateforme française d’études et d’évaluation de l’impact du cancer et de ses traitements sur les fonctions cognitives.
D'autres initiatives voient le jour, comme à l’Institut Bergonié de Bordeaux où un atelier "Onco’gite" aide les patients à reprendre le pouvoir sur leurs neurones. Dans un article de Rose Magazine, Véronique Gérat-Muller, docteur en psychologie explique que le sujet l'a interpellée alors que son fils de 8 ans soigné pour une leucémie lui demandait fréquemment de répéter les mêmes informations. Et pour réhabiliter les capacités cognitives perdues, pas de secret, il faut s'exercer, s'exercer et encore s'exercer. De bimensuel, l'atelier est devenu bihebdomadaire face à la demande. Une des angoisses partagées par les participantes est la crainte de ne pas être à la hauteur quand il leur faudra revenir au travail. La psychologue les outille avec des stratégies à mettre en place dans la vie quotidienne mais aussi de nombreux exercices de mémoire pour "muscler le cerveau".
En coaching, je rencontre également souvent des personnes en désarroi face à cette problématique devant laquelle elles se sentent impuissantes. Quelques astuces à mettre en place:
- garder une "check-list" sous la main et cocher au fur et à mesure les tâches réalisées;
- avoir un petit agenda de poche dans lequel on annote ses rendez-vous (noms des personnes rencontrées, sujets abordés...);
- éviter le "multitasking", c'est-à-dire de mener plusieurs tâches de front. On essaye de se concentrer sur une tâche à la fois;
- prévoir des périodes "off" de ressourcement (balade dans la nature, séance de méditation...);
- poser vos priorités afin de garder votre énergie pour les tâches importantes;
- oser déléguer pour vous décharger quand c'est possible;
- Essayer les exercices en lignes comme sur le site ibraining.com
- demander de l'aide si nécessaire (un neuropsychologue peut vous accompagner dans ce chemin).
Et le mot de la fin : BIENVEILLANCE ! Vous avez traversé un ouragan, c'est normal que vous ayez besoin d'un temps de reconstruction. Si vous avez besoin d'un accompagnement ad hoc dans votre retour au travail, ou que votre entreprise souhaite vous aider sans savoir comment, contactez l'association Travail & Cancer.
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