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Bien-être

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Trouver la paix en soi, une étape nécessaire pour ensuite être en paix avec les autres. Aujourd’hui, « se faire du bien » est à la fois culpabilisant, et en vogue. Une présentation de différentes voies qui amènent toute à la même destination : le bien-être ou comment être bienveillant avec nous-mêmes.

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15
octobre
2017

Avoir une sexualité épanouie pendant ou après un cancer, « c’est être dans un élan de vie »

Le 15 octobre 2017 dans la catégorie Bien-être
Avoir une sexualité épanouie pendant ou après un cancer, « c’est être dans un élan de vie »

C'est ce qu'affirme Sébastien Landry, onco-sexologue qui rencontre bon nombre de femmes atteintes de cancer. Pour ces patientes, leurs corps mutilés, le effets des traitements ne sont pas exactement des "booster" de libido, pourtant ce n'est pas une fatalité. En parler, se défaire de fausses croyances permet de retrouver le chemin du plaisir.

Cancer du sein ou de l’utérus, la femme est en souffrance. Tant psychique que physique. Déclenchant souvent une sexualité en hibernation, en jachère, voire en disparition. Dans ces conditions, quid du plaisir et de l’épanouissement ? « De cette pulsion de vie qu’est la sexualité » comme le réaffirme Sébastien Landry, psycho-sexologue, spécialiste de la sexualité pendant et après le cancer.
Pionnier dans son domaine, il sera à Clermont-Ferrand, jeudi 19 octobre et à Vichy, vendredi 20 octobre.

Pourquoi vous être orienté vers l’onco-sexologie ?

"J’interviens en tant que psycho-sexologue dans une clinique au Mans. Des patientes m’ont informé de leurs difficultés pendant ou après leur cancer. Comment cette maladie a tout bousculé chez elles. Les troubles de la sexualité sont liés aux effets secondaires des traitements. L’onco-sexologie réunit des connaissances sur la sexualité et la cancérologie. Depuis 2014, la Ligue contre le cancer de Loire-Atlantique propose des consultations d’onco-sexologie qu’elle prend totalement en charge. Peu à peu, d’autres professionnels se forment."

Qui sont ces femmes qui consultent et quand le font-elles ?

"Il n’y a pas d’âge, je dirais de 17 à 80 ans. Mais neuf femmes sur dix viennent après leur cancer, ou pendant l’hormonothérapie. Durant leur cancer, elles mettent leur sexualité de côté. Lorsque la femme consulte, elle a une image dégradée d’elle-même, elle est atteinte dans sa féminité, son intimité. Son corps change après avoir subi une mastectomie du sein ou une ablation de l’utérus (hystérectomie). La femme ne se regarde plus.Or, c’est fondamental, qu’elle se retrouve. Séduisante..."

Qu’expriment-elles ?

"La plupart parlent de mutilation, de sensation de vide. Tout cela joue sur la libido. Elles sont nombreuses à exprimer leur non-envie de sexualité, voire leur dégoût. Elles évoquent les douleurs lors de la pénétration. Or, c’est une conséquence des traitements de chimiothérapie, radiothérapie ou curiethérapie. Ils provoquent un assèchement vaginal, ou un bouleversement hormonal. Au départ, c’est physique, puis ces troubles créent des freins psychologiques. À cela, s’ajoutent de nombreuses croyances et on doit travailler là-dessus."

Quelles sont les croyances et questions récurrentes ?

"Certaines patientes pensent que le cancer est sexuellement transmissible. Que le rapport sexuel, ce n’est pas bon pour le cancer, que cela va augmenter les risques de récidive. Que le cancer est une punition sexuelle : « Je n’ai plus droit au plaisir?! » D’autres s’interrogent : « Est-ce ce que je ne suis pas obsédée de penser à la sexualité pendant mon cancer ? » Quand je leur parle de l’importance de la masturbation, certaines femmes pensent que cela rend stérile ou qu’elles trompent leur partenaire. Or, retrouver du plaisir, seule, facilite ensuite l’orgasme en couple."

Aborder ces troubles de la sexualité liées à la maladie, c’est renouer avec la vie"? 

"La sexualité est une pulsion, un élan de vie. Prendre du plaisir, c’est montrer qu’on est vivant. La sexualité apporte de la joie. Et ça fait du bien à la tête."

Comment procédez vous pendant cette thérapie et quelle est sa durée ?

"Il ne faut pas être culpabilisant, et faire très attention : la sexualité est un sujet sensible. Il n’y a pas « Une » sexualité. Je pose beaucoup de questions. Quelle était votre sexualité avant votre cancer ? Qu’est ce qui a changé depuis ? Quelle représentation avez-vous de la sexualité ? Même si c’est une démarche de couple, je vois d’abord la patiente seule. Dans un couple, souvent « on le fait » mais on en parle rarement. Il y a peu de débriefing. C’est souvent au feeling. L’objectif c’est de renouer le dialogue pour que les femmes puissent redécouvrir une sexualité plaisante, épanouie. Cette thérapie dure d’un à dix mois, à raison d’un rendez-vous toutes les trois semaines. Plus on intervient vite, plus c’est rapide."

La femme atteinte d’un cancer doit donc réinventer sa sexualité ?

"En cancérologie, on part d’un problème organique lié au traitement et il y a la tête qui s’en mêle. Je travaille sur cela, enlever le blocage psychologique. Cela passe par se réapproprier son corps et dépasser l’idée reçue que la sexualité c’est la pénétration. La sexualité, c’est le plaisir?! C’est tout ce qu’on fait avec son ou sa partenaire. Il faut ramener les gens à du terre à terre, vers les préliminaires et une sexualité sans pénétration. Lorsque la femme est en confiance, c’est elle qui va la déclencher. Le premier organe sexuel est dans la tête, pas dans la culotte, ni dans le pantalon !"

Que préconisez-vous d’autre?

"Des lectures érotiques. La lecture, c’est le top du top pour travailler l’imaginaire. Le cerveau construit ses images. Je conseille aux patientes de trouver leurs lectures. Il y a de très bons auteurs. Il faut que ce soit en adéquation avec la personne. Mais, plus la femme s’implique dans sa démarche, mieux ça fonctionne !"
 
Source: Interview : Fabienne Faurie Pour le site La Montagne